Résumé : |
La crise du sida est un tournant majeur de l'histoire contemporaine, en art aussi. Ce livre s'intéresse à son impact sur les artistes et activistes américains et européens, du premier recensement des cas de la maladie, en 1981, à la révolution thérapeutique de la fin des années 1990. De Cindy Sherman à Derek Jarman, de Niki de Saint Phalle à Jeff Koons, de Gilbert & George à Jenny Holzer, de Michel Journiac à David Wojnarowicz, d'Izhar Patkin à Zoe Leonard, ou dans ce que produit ACT UP, on repère le même saisissement dans les représentations qui ne pouvaient alors plus être les mêmes, et pour cause.
Les images sont habitées par tout ce qui travaillait les sociétés occidentales au temps de l'épidémie, et d'abord le pire d'elles-mêmes, qui se défoulait dans un espace social miné par la crise. Elles s'en souviennent, comme des forces de résistance qui lui furent opposées. Elles sont les témoins de la volonté intraitable de ne rien céder, mais également de sortir par tous les moyens d'une situation bloquée.
À partir de très nombreuses représentations visuelles, ce récit de la crise épidémique ouvre ainsi sur une histoire politique, économique et sociale de cette époque fatalement hantée par la catastrophe.
« Une somme luxuriante [...], un texte vibrant, nourri de références littéraires et d'histoire de l'art de la Renaissance, sur ces artistes qui, d'innombrables manières, ont tenté de “résister au pire, à la maladie et à la mort†– souvent en tournant le dos aux institutions culturelles comme aux logiques du marché. »
Ludovic Lamant, Mediapart
« A l'expression implacable et totalisante [du récit canonique], Thibault Boulvain répond par un discours mené par une soif inextinguible de connaître – et de faire connaître – chaque éclat, chaque tension, chaque veinure particulière de toutes les images artistiques qui sont, dans leur singularité, une manière de bricoler avec la catastrophe et de s'opposer à elle. »
Elisabeth Lebovici, Critique d'art |